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Philips Data Systems France


Philips Data Systems France

Cet article ne prétend certes pas raconter toute l’histoire de ce centre.
Mais il fixe quelques repères et pose quelques jalons
pour inviter à une étude plus approfondie.

Philips Data Systems a été créé aux Pays Bas dans les années 1960. Un nouveau centre d’études et de production fut spécialement construit à Apeldoorn. Une première série d’ordinateurs "mainframes" a été développée sous l’appellation "P1000", déclinée en 3 modèles P1100, P1200 et P1400.

Philips développe une ligne de mini-ordinateurs en France

Même si c’était l’époque reine des grands systèmes inspirés des IBM 360, c’était aussi l’époque d’apparition des mini-ordinateurs. Et Philips décida de charger la France de développer une ligne de mini-ordinateurs "P800", à l’ombre des systèmes hollandais.

C’est un laboratoire d’électronique de Philips Industrie, installé à Bobigny qui prit en charge ce projet. Très vite la toute nouvelle division Philips Data Systems France est venue s’installer à Fontenay-aux-Roses, dans d’anciens locaux industriels situés un peu en dessous du centre d’études EDF.

L’équipe était constituée d’un patron nommé par la direction néerlandaise – M. Van Der Sloot – et de cadres venant (principalement) de Bobigny : M. Dubreux aux études avancées, M. Maroufi aux études électroniques, M. Bertaux à la conception assistée, M. Lemaire au logiciel, M. Lebreton au bureau d’études...
Evidemment le petit labo de Bobigny ne suffisait pas à la tâche et l’entreprise a recruté massivement des jeunes passionnés sortant d’école et raflé les rares ingénieurs déjà formés dans la discipline et disponibles sur le marché.

C’est ainsi que j’ai rejoint l’équipe en 1969, en provenance de CII, pour travailler en conception assistée par ordinateur. Plus je repense à cette époque, et plus je suis frappé par la jeunesse et l’enthousisme de cette équipe et par la confiance que les anciens nous faisaient : Six mois après mon arrivée, je partais en mission de 6 semaines aux Etats-Unis, avec Didier Strube, jeune polythecnicien, pour étudier les techniques de développement CMOS et les possiblités de contrat avec Collins, Fairchild et IBM...

Circuit intégré P880

Détail circuit intégré P880

Le P880 tente de concurrencer le IBM 1130

En 1969, le grand projet au Fontenay aux Roses était le mini-ordinateur P880. Cette machine visait directement à concurrencer le IBM 1130. Ceci se ressentait jusque dans la présentation de la machine en forme de grand bureau, mais — honnêtement — moins élégant que celui d’IBM ! La machine utilisait la même technologie que la série P1000, à savoir des circuits intégrés Philips en logique DTL (Diode Transistor Logic). Les circuits imprimés étaient surprenants : ils étaient multicouches (2 plans extérieurs pour la logique, 1 plan interne pour chaque tension), percés en totalité au pas de 2,54 mm, avec tous les trous métallisés. Replacez vous à l’époque et jugez du pari technologique — réussi, mais à quel prix...

Une autre particularité était le tracé des pistes : toutes les verticales sur une face, toutes les horizontales sur l’autre, avec un nombre judicieux de "mini-ponts", entre pistes.

L’étude du P880 a été accompagnée de l’étude d’une console graphique P816. Superbe machine à l’immense écran exploité bien entendu en "balayage cavalier". Rappelons qu’à l’époque on ne disposait pas de capacités de mémoire rapide permettant de faire des images graphiques "bit map" comme aujourd’hui, et que le graphique était totalement "vectoriel" jusqu’au tracé vecteur par vecteur sur l’écran. L’ensemble P880-P816 a été utilisé en particulier dans plusieurs centres Philips pour la conception des masques de circuit intégré.

Le projet Sagittaire

Le P880 a du entrer en commercialisation en 1970. Philips Data Systems France avait installé sa direction commerciale dans la tour Montparnasse (A l’époque chaque division Philips avait une direction technique et une direction commerciale totalement indépendantes). La machine se présentait techniquement bien, plus rapide que sa cible IBM 1130, avec un prix de vente "raisonnable" (pour l’époque). Mais justement les IBM 1130 n’étaient pas vendus mais loués. Malgré les demandes pressantes de nos commerciaux, la direction néerlandaise n’a jamais voulu accepter cette solution, et le P880 est resté cantonné dans le domaine industriel, dessin et automatismes.

Le centre de Fontenay-aux-Roses était en crise... Apeldoorn nous voyait assez bien cantonnés dans de petites études à façon sous leur direction, mais cela ne satisfaisait pas nos jeunes passionnés. M. Prades — ancien chef du département logiciel civil de CII — avait rejoint notre centre depuis quelques temps et avait pris la direction des études. Devant le manque de directives claires, et le nombre d’ingénieurs à occuper, il a pris sur lui de lancer l’étude du projet "Sagittaire", gamme de mini-ordinateurs en technologie TTL, à orientation industrielle en rack 19".

Dès 1970, des études parallèles au P880 avait été menées pour doter celui-ci d’armoires auxiliaires de communications synchrones et asynchrones, suivant les normes ECMA, et surtout suivant les normes...IBM ! À cette occasion avait été développées nos compétences en circuits TTL, LSI CMOS et simulation logique — en particulier à l’aide du logiciel Cassandre développé à l’IMAG par MM. Mermet et Anceau. Aussi les études ont progressé vite, et la décision officielle de produire une gamme P850 a été prise à Apeldoorn.

Les locaux du Fontenay aux Roses avaient permis la fabrication des P880 et P816 dans une approche "prototype". Ils étaient inadaptés à la production de série envisagée pour la gamme P850. C’est l’usine Radiotechnique de Rambouillet qui a dégagé un atelier entre ses lignes de production de postes de radio (une chaîne en emballage Philips, une chaîne en emballage Radiola...) pour assurer nos fabrications. Ce fut le début d’une longue coopération, initialement difficile — un jeune ingénieur d’études et un responsable d’atelier ne parle pas le même langage — mais très productive et qui a conduit l’usine de Rambouillet à devenir une usine pilote pour les fabrications informatiques.

La gamme s’est déclinée en P850, P852, P856 au début je crois, puis sont venus s’ajouter P851, P855, P857... avec d’assez bons résultats.

Unidata

Cependant Apeldoorn avait lancé le projet d’une nouvelle gamme P2000. La technologie, les outils de développement, tout était remis à l’étude, un énorme travail de recherche débutait. Mais toute l’informatique européenne marquait le pas et des alliances devenaient nécessaires.

Rappelons en deux mots la création d’Unidata en 1973 qui rassemblait CII, Siemens et Philips. Une première machine, le Unidata 77-20, fut annoncée : c’était en fait un début de gamme P2000 développé par le centre Philips de Bruxelles. Soudain la France annonça qu’elle se retirait du jeu. Philips Data Systems qui avait tout misé sur Unidata a stoppé presque immédiatement toutes ses activités à Apeldoorn...

La production de la gamme P850 a continué un moment. Un nouveau directeur est arrivé, impulsant un nouveau dynamisme dans des activités orientées essentiellement autour des transmissions de données. La fermeture de la division "Data Sysems" n’a pas entraîné la disparition du centre mais son retour dans le giron d’une autre division industrielle de Philips, et puis finalement son rattachement à TRT (filiale de Philips Télécommunications France), avant l’engloutissement de cette branche dans Lucent Technologies.

Mais ceci est une autre histoire…

Philippe Denoyelle
2005

Première publication :
Mise en ligne le mercredi 15 mai 2013

Article écrit par :
Philippe Denoyelle



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