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Sept. 2009 - L’histoire de l’informatique sur la Toile

Traduction du texte de Hans Pufal « Computer History on the World Wide Web »


Propos mensuel sur des sujets de l’histoire de l’informatique inspirés par un récent survol de la « toile »

Traduction par Michel Jacob, en accord avec l’auteur, le 9 octobre 2009.

Le gouvernement britannique exprime ses excuses à Alan Turing.

Dans une déclaration publique publiée le 10 septembre sur la toile, le premier ministre britannique Gordon Brown, en réponse à une pétition en ligne ayant récolté 30000 signatures, exprima officiellement ses excuses pour la manière dont fut traité Alan Turing (F) scientifique spécialiste de cryptographie et pionnier de l’informatique, dans les années précédant sa mort survenue en 1954.

Ces excuses étaient attendues depuis longtemps, mais j’ai trois critiques à faire sur le texte. La première, et la plus importante, est l’absence complète d’une quelconque référence aux importantes contributions de Turing aux premiers développements de l’informatique. On peut discuter, bien que ce débat ait peu d’intérêt, sur le plus ou moins grand impact des travaux de Turing, pendant les années de guerre à Bletchley Park ou en informatique, sur notre vie quotidienne actuelle. Alan Turing est largement reconnu, et en 1966 la prestigieuse Association of Computer Machinery (ACM) institua aux USA le prix Turing (F) annuel, considéré comme le prix Nobel de l’informatique, en reconnaissance de son importante contribution dans ce domaine.

Les deux autres remarques visent simplement la formulation du texte. Premièrement, voici une importante déclaration officielle qui sera citée par les historiens des décennies, sinon des siècles futurs, et le premier ministre Brown nuance cette déclaration en disant que Turing était un « assez brillant » mathématicien. Je pense que quiconque ayant une certaine connaissance du travail mathématique de Turing le décrirait comme brillant, et « assez » diminue injustement la valeur de l’adjectif. La deuxième remarque vise la fierté énoncée par le premier ministre Brown, dans le dernier paragraphe, d’avoir exprimé les excuses de la nation. Je regrette, mais être fier de faire des excuses pose pour moi la seule question de sa sincérité.

J’espère que ces 2 critiques ne sont dues qu’à de regrettables erreurs dans l’édition du texte et ne rendent pas fidèlement la pensée réelle du premier ministre ; peut-être d’autres excuses viendront-elles, mais devrons-nous attendre encore 45 ans ?

Voir une émission de la BBC pour une approche plus équilibrée des travaux d’Alan Tuiring. On peut trouver plus de détails sur le site remarquable de Jack Copeland.

Steve Furber : interview

Steve Furber, professeur d’ingénierie informatique à l’Ecole d’Informatique de l’université de Manchester dans une chaire crée par ICL, fut l’un, sinon LE premier, des employés d’Acorn Computer créée en 1978. Il a travaillé sur plusieurs des mythiques micro-ordinateurs des années 1980, y compris le MK14 (F) de la firme Science of Cambridge (Sinclair) et le BBCmicro (F).

A la suite du succès extraordinaire de ce dernier, Acorn (F) décida de concevoir son propre processeur, avec Steve comme l’un des principaux concepteurs. La première version du processeur de l’Acorn Risc Machine (ARM) fut opérationnelle en avril 1985, et aujourd’hui, Steve estime que la puissance de tous les processeurs ARM (F) en fonctionnement dépasse la puissance cumulée de tous les autres processeurs jamais construits.

Dans cette interview vidéo d’une heure avec Jason Fitzpatrick du Center of Computer History, le professeur Furber raconte plusieurs histoires intéressantes sur ces premiers micro-ordinateurs. L’interview se termine par une évocation de son dernier projet, SpiNNaker, qui se propose de construire une machine composée d’un million d’ARM pour simuler des circuits neuronaux et fournir un outil pour les recherches sur le cerveau.

L’origine d’Internet

La revue National Geographic a été la première à ma connaissance à célébrer la « naissance » en 1969 d’internet dans une video au style quelque peu décousu qui semble essayer de mentionner presque tous les aspects de l’histoire de l’informatique. Plusieurs articles du même genre suivirent dans la revue Computerworld et jusque sur le site Hack-a-day d’accros de l’informatique.

En fait, l’internet s’est développé bien plus tard que 1969 et la toile (World Wide Web), souvent confondue avec le terme internet, encore plus tard. Ce site en raconte les développements débutant en 1969 et qui en fin de compte nous donnèrent l’internet.

Les origines de l’internet peuvent être jalonnés ainsi :

  • Septembre 1940 : George Stibitz (F) des laboratoires de la Bell Telephone fit fonctionner son Complex Number Calculator, situé à New York, depuis Dartmouth au Massachussetts, lors d’une conférence de l’American Mathematical Society, premier exemple d’une commande à distance d’un ordinateur.
  • Juillet 1945 : Atlantic Magazine publie l’article célèbre « As we think » (F Aconit voir le bulletin n°11 pages 3 et 4) dans lequel Vannevar Bush (F) donne un description remarquablement prémonitoire de l’utilisation d’un terminal internet, même si la technologie décrite est quelque peu dépassée.
  • A la fin des années 1950 le Département de la Défense des USA installa SAGE, réseau continental d’ordinateurs IBM utilisé pour la surveillance et le contrôle de l’espace aérien des Etats Unis.
  • 1962 : JCR Licklider (F) rédigea une série de notes décrivant son « Réseau galactique ».
  • 1965 : Laurence G. Roberts, travaillant avec Thomas Merill, connecta l’ordinateur TX-2 dans le Massachussetts au Q-32 en Californie avec une ligne téléphonique bas débit, créant ainsi le premier (bien petit !) réseau hétérogène à longue distance.
  • Septembre 1969 : les premiers éléments de ce qui allait devenir Arpanet (F) furent élaborés à l’université de Californie à Los Angeles lorsque le premier processeur servant d’interface pour le traitement des messages (IMP) fut livré fin août 1969. Les IMP, des mini-ordinateurs modèle 316 d’Honeywell spécialement programmés, isolaient les ordinateurs centraux des complexités du réseau, leur permettant de se consacrer au traitement des données tandis que les IMP étaient responsables de leur routage vers leurs destinataires particuliers et chargés de réguler le débit du trafic.

Arpanet n’était que l’un des nombreux projets de réseaux du début des années 1970. En France le réseau Cyclades (F) et en Grande Bretagne celui du National Physical Laboratory influencèrent fortement la forme définitive du réseau global.

Ces différents réseaux fournirent des aperçus très utiles sur les modes de fonctionnement et furent des bancs d’essai pour le développement d’idées novatrices. Cependant, la prolifération des protocoles et des types de connexions physiques empêchaient la connexion de machines de différents réseaux. Ainsi naquit l’idée d’un « réseau de réseaux » qui permettrait une communication transparente entre ordinateurs, quels que soient les réseaux auxquels ils sont connectés.

Autres liens sur le sujet :

  • rogerdmoore.ca/PS/CYCLB.html
  • garykessler.net/library/tcpip.html
  • isoc.org/internet/history/
  • 11points.com/Web-Tech/11_First_In_Internet_History_spv

Nouvelle restauration d’un ordinateur à Bletchley Park.

La BBC mentionne d’autre part le projet du National Museum of Computing (NMC) à Bletchley Park de restaurer l’un des véritablement premiers ordinateurs britanniques, le AERE HARWELL. Construit entre 1949 et 1951 en utilisant des relais de type téléphonique, 900 tubes Dekatron le dotaient d’une mémoire de 90 mots de 10 chiffres décimaux chacun. Commandé normalement à partir de ruban perforé, il pouvait aussi être configuré pour exécuter ses instructions à partir de la mémoire, bien qu’avec un temps d’exécution plus lent qu’à partir du ruban perforé. Il fut utilisé par le groupe de calcul de l’AERE de 1952 à 1956 avec une exceptionnelle fiabilité de fonctionnement.

En 1957 il fut transféré au Wolverhampton and Staffordshire Technical College (plus tard Wolverhampton University) où il fut utilisé pour enseigner l’informatique jusqu’en 1973. Ensuite il fut déplacé au Birmingham Museum of Science and Industry avant d’être mis en réserve.
Kevin Murrel, directeur du NMC, a une importante collection de photos d’anciens ordinateurs dont celui-ci sur sa page du site de partage de photos Flikr.

La Computer Conservation Society donne sur la page du site qui lui est consacrée une quantité d’informations sur la machine, avec des photos, un manuel de programmation et de fonctionnement de 21 pages, et même, en faible résolution, des schémas de la machine.

L’article de 1979 de Jack Howlett « Computing at Harwell 1949-1961 » fournit une vue intéressante sur l’utilisation de plusieurs machines informatiques dans cette période.

Autre articles :

Première publication :
Mise en ligne le jeudi 15 octobre 2009

Article écrit par :
Pufal Hans



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